Récemment je suis tombé sur un article extrêmement passionnant de Dr Yang Jwing-Ming paru dans le Kung Fu Taichi du mois de Mars/Avril. J’ai trouvé cette édition par le plus grand des hasards, flânant dans une librairie près de mon hôtel à Seattle alors que j’étais en déplacement professionnel. Dr Yang est un artiste martial de renommé mondial, expert dans plusieurs style de Kung Fu dont notamment le Tai Chi Chuan mais et surtout la boxe du Long Poing et de la Grue Blanche. Il est par ailleurs l’auteur de magnifiques ouvrages, des best sellers traduits dans plusieurs langues offrant un contenu richissime pour les pratiquants. Exit les photos avec des techniques bidons, des œuvres qui sont plutôt de véritables encyclopédies avec un degré de détail très poussé. On ressent immédiatement le vécu et le pragmatisme de l’auteur.
Après cette introduction rapide, repassons sur le sujet principal de ce post à savoir cet article ou il est question du (un des) sens de la vie dans la société superficielle à laquelle nous appartenons désormais. Sans oser la comparaison avec le maitre, j’ai été très ému à chaque saut de ligne car ces questions, je me les suis posés à moi-même maintes et maintes fois et même au long ce blog.
Je suis un éternel nostalgique, partagé entre une obligation d’avancer, car ainsi est fait le monde et la société, et le regret du temps passé. J’admire ces « héros » d’antan (ndt : les héros sont des artistes martiaux qui ont dédié leurs vies à la pratique des arts martiaux), à l’inverse des stars d’aujourd’hui qui n’ont que le coté spectacle et bestial apporté le dopage et la science. Comme le dit Dr Yang, nous sommes dans une société à la « Mac Donald’s culture», ou tout doit aller vite et reste futile, on ne s’attarde plus sur les fondamentaux de la vie. Les gens oublient le sens de la vie au détriment de la consommation excessive et par conséquent du corporatisme des groupes industriels. La maitrise des arts martiaux se raisonne en l’espace d’une vie et reste un art de la vie. Aujourd’hui, les gens pratiquent pour le fun, mais surtout veulent des résultats sans trop se forcer. Ou irons-nous dans 50, voire 100 ans alors que le savoir disparait petit à petit avec les derniers piliers (Dr Yang qui affirme ne disposer que de 50% du savoir de son maitre, et qui pense n’avoir enseigné que 50% du sien, on tombe dans un ratio de 25% au cours de deux générations).
D’autant plus que j’ai l’impression que nous vivons la fin d’une génération de véritables pratiquants (Yang Jwing Ming, William Cheung, Dan Inosanto, etc …) tous étant relativement âgés. Où est la relève ? Les stars de l’UFC qui n’ont que le soucis de la compétition, l’argent, le show ? Je serais de curieux de connaitre leur point de vue sur la liaison entre les arts martiaux et la vie; car comme disait Bruce Lee, être un véritable artiste martial implique qu’on soit aussi un artiste de la vie.